Les Botaniques de Varengeville 

 

 

Quel plaisir d’avoir pu, cette année encore, me rendre aux Botaniques de  Varengeville-sur-Mer.

 

Ce village, véritable pépite du littoral normand, est le théâtre chaque dernier weekend d’octobre d’un événement unique dédié aux plantes et aux jardins.

Pendant deux jours, des pépiniéristes passionnés viennent présenter leurs végétaux de collection, plantes rares et d’exception. Ils échangent leurs connaissances botaniques et partagent sans retenue leur savoir-faire.

Des jardins privés sont exceptionnellement ouverts à la visite. Jardins de paysagistes renommés ou jardins familiaux, nichés au cœur des villages de Varengeville-sur-Mer et de Sainte-Marguerite-sur-Mer, les connaisseurs ne s’y trompent pas et sont tous au rendez-vous.

Cette année il ne fallait pas manquer la conférence de Véronique Mure, botaniste émérite, dont la présence est trop rare dans la région. « Des arbres en héritage », quel plaisir de l’écouter défendre la valeur patrimoniale des jardins et des paysages, à travers l’histoire des végétaux qui les composent.

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Le caféier – Coffea arabica

Passionnante halte il y a quelques jours à l’Hortus Botanicus d’Amsterdaml’un des plus anciens jardins botaniques d’Europe.

Véritable pépite nichée au cœur de la ville, ce jardin a été créé en 1638. Sa vocation première était l’approvisionnement des médecins et des apothicaires en plantes médicinales.

Les vaisseaux de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, remplissant leurs cales à chaque expédition, l’ont rapidement agrémenté de centaines d’autres plantes. Il abrite aujourd’hui une magnifique collection de plusieurs milliers d’espèces.

Saviez-vous que c’est dans l’Hortus Botanicus d’Amsterdam qu’aurait été cultivé le tout premier plant de caféier (Coffea arabica) d’Europe ?

Au 17e siècle, les Européens se contentaient d’acheter le café dans les comptoirs de leurs colonies au Yémen, ils l’acheminaient par bateau depuis le port de Moka. La demande grandissant, les marchands de la Compagnie hollandaise ont introduit et cultivé des plants sur l’île de Java (sud-ouest de l’Indonésie) dès 1696.

Un seul plant a alors été acheminé de Java à l’Hortus Botanicus d’Amsterdam en 1706. Il y a été cultivé et multiplié. Un spécimen, offert au Roi de France en 1714, a été confié au Jardin des Plantes de Paris. Le caféier a alors poursuivi son voyage vers l’Amérique Centrale et du Sud.

1 - Hortus botanicus Amsterdam
2 -Coffea arabica Hortus
Coffea arabica planche

Les fleurs en poésie

Alors que revient le temps de la Chandeleur, quelques vers d’un poème écrit par Robert Desnos (1900-1945, recueil « Chantefleurs ») résonnent dans ma mémoire :

Violette de la Chandeleur,
Perce, perce, perce-neige,
Annonces-tu la Chandeleur,
Le soleil et son cortège
De chansons, de fruits, de fleurs ?
Perce, perce, perce-neige
À la Chandeleur

perce-neige

Sous son air modeste, l’intrépide perce-neige bravant les intempéries annonce à lui seul les prémices du printemps. Comment ne pas tomber sous le charme de ses clochettes blanches, dansant au gré du vent et offrant aux insectes butineurs leur premier festin de l’année ?

Le perce-­neige commun (Galanthus nivalis L.) est une plante bulbeuse de taille modeste (10 à 25 cm selon les variétés).

Etymologiquement, Galanthus vient du grec « gala » : lait, et « anthos » : fleur, en référence à la couleur blanche de sa fleur, Nivalis vient du latin « nivis » : neige, rappelant sa floraison précoce.

Le genre Galanthus comprend une vingtaine d’espèces botaniques originaires d’Europe, d’Asie Mineure et d’Iran.

Cette élégante Amaryllidacée est une plante glabre, d’un vert bleuâtre, à deux feuilles caulinaires linéaires, charnues, planes à l’état jeune puis carénées dessous, à pointe claire obtuse. La tige dressée porte une unique fleur blanche terminale pendante en clochette, située à l’extrémité d’un pédoncule grêle qui prend naissance à l’aisselle d’une bractée membraneuse arquée, la spathe. La fleur est constituée de six tépales pétaloïdes blancs inégaux, les trois extérieurs écartés, les trois intérieurs deux fois plus courts, connivents en cloche, échancrés et tachés ou rayés de vert au sommet.

 

Il existe de nombreuses variétés horticoles de Galanthus nivalis qui se différencient par la longueur des tépales, la forme et la couleur des taches, la profondeur de l’échancrure.

Le perce-neige fleurit de janvier à mars, généralement dans les sous-bois, au pied des haies ou dans les pelouses riches en nutriments.

 

La floraison, au léger parfum de miel, a lieu de janvier à mars, plus ou moins simultanément à celle du noisetier, selon les stations et l’altitude. La pollinisation est entomogame. Le fruit est une capsule charnue à 3 loges qui contient en moyenne 6 graines (dissémination endozoochore, essentiellement par les fourmis).

Comme toute plante, le perce-neige a ses passionnés et collectionneurs, les galanthophiles. Si la galanthophilie touche essentiellement les îles britanniques (où le nombre de festivals dédiés aux Galanthus est impressionnant, tout comme le nombre de parcs et de jardins ouverts au moment de leur floraison), il existe en France quelques belles collections, dont une labellisée  « Collection Nationale de Galanthus  » par le CCVS (Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées) située dans l’Oise, comportant toutes les espèces et sous-espèces botaniques et présentant d’abondantes colonies des trois Galanthus de base : Galanthus nivalis (perce-neige commun), Galanthus nivalis  Flore Pleno’‘ (perce-neige double) et Galanthus elwesii (le plus grand).

Sources : eFlore Tela Botanica – CCVS revue Hommes & Plantes n° 103

Précédemment :

Zoom sur la flore messicole

Première journée d’automne, le soleil est radieux, changement de programme : je quitte le bureau, j’attrape ma loupe de botaniste et mon appareil photo, cet après-midi sera dédié à une petite sortie terrain. Objectif : observation et relevé de la flore présente en bordure d’un champ voisin pour l’Observatoire des Messicoles.

Les plantes appelées « messicoles », étymologiquement les plantes « habitant les moissons », ont la particularité d’être préférentiellement inféodées aux cultures qu’elles accompagnent depuis plusieurs siècles.

Elles appartiennent au groupe des adventices, qui désigne en botanique l’ensemble des plantes poussant dans une culture sans y avoir été semées, aussi injustement appelées « mauvaises herbes ». Je préfère les nommer « herbes folles ». Cependant, les plantes messicoles constituent un groupe restreint d’espèces dépendantes de certaines pratiques agricoles et ne parvenant que difficilement à se maintenir dans d’autres conditions, ce qui fait leur particularité.

Les plantes messicoles sont précieuses par leur contribution au fonctionnement de l’agroécosystème. En offrant ressources alimentaires et habitat aux oiseaux et insectes, elles participent indirectement à la pollinisation des espèces cultivées et à la lutte contre les ravageurs des cultures.

La diversité des fleurs et leur floraison étalée dans le temps offrent aux pollinisateurs une ressource diversifiée en pollen et nectar, nécessaire lorsque les cultures ne sont pas en fleurs. Le bleuet et le coquelicot sont ainsi connus pour leur intérêt nectarifère et pollinique respectif.

L’Observatoire des Messicoles est réalisé par Tela Botanica, dans le cadre du Plan national d’actions en faveur des plantes messicoles (PNA développé sous l’égide du ministère chargé de l’Écologie), en partenariat avec la Fédération des Conservatoires Botaniques Nationaux et Montpellier SupAgro.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site internet de Tela Botanica, réseau des botanistes francophones, page Projets.

 

Mes belles des champs : pensées (Viola arvensis), renoncules (Ranunculus arvensis) et myosotis (Myosotis arvensis).

Viola arvensis s

Ranunculus arvensis s

Myosotis arvensis s

L’été d’avant :

Melittis melissophyllum : Mélitte à feuilles de mélisse ou mélisse des bois

 

(Bastard Balm en anglais)

Appartenant à la famille des Lamiaceae, la mélitte à feuilles de mélisse est l’unique espèce du genre Melittis.

 

C’est une jolie petite plante herbacée vivace, vigoureuse et très rustique (-15°C), qui se plait à mi-ombre ou soleil léger dans un sol humifère, frais et bien drainé.

Fréquente à l’état naturel le long des chemins boisés, haies, dans les ravins et bois clairs de l’Europe méridionale et centrale (altitude de 0 à 1400 m).

Peu exigeante, elle se cultive en sous-bois, au pied d’arbustes dans des massifs ou en rocaille d’ombre.

Elle forme une touffe buissonnante et drageonnante, ressemblant au lamier (Lamium) et, bien sûr, à la mélisse officinale (Melissa officinalis).

 

Les tiges simples, quadrangulaires, dressées, hérissées de poils, portent de grandes feuilles vertes caduques, de 4 à 8 cm de long, en paires opposées décussées, à court pétiole, limbe ovale couvert de poils, aux nervures saillantes, dentelé. Feuillage aromatique à douce odeur de miel citronné, d’un bel attrait.

Les fleurs qui s’épanouissent entre mai et juillet sont réunies par 2, rarement plus, en faux verticilles à l’aisselle des feuilles supérieures. Elles sont grandes, pédicellées et inclinées du même côté. Grand calice bilabié, en cloche, enflé et membraneux ; corolle de 3 à 4 cm de long, bilabiée, purpurine ou blanche, tachée de rose, tubuleuse, à lèvre supérieure dressée, un peu concaveentière, à lèvre inférieure trilobée, étalée ; 4 étamines saillantes rapprochées parallèles, 2 carpelles soudés et divisés en 2 pour former 4 loges.

 

Le saviez-vous ?

 

La mélitte contient une essence aromatique et des hétérosides coumariniques qui lui ont valu d’être utilisée autrefois pour ses vertus médicinales.

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Et encore plus tôt :

Umbilicus rupestris (syn. Cotyledon Umbilicus L.) : Nombril de Vénus ou Ombilic des rochers.

Le nombril de Vénus est une plante succulente de la famille des Crassulaceae, souvent présente près de murs, dans des crevasses rocheuses et sur les couvertures pierreuses, principalement sur des substrats acides, à faible altitude. Ses racines étant petites et peu profondes, quelques spécimens ont même été répertoriés comme une plante épiphyte sur les branches des grands arbres.

Son aire de répartition globale est le sud-ouest de l’Europe. Elle est rustique jusqu’à – 20° C.

C’est une plante vivace de 10-40 cm, glabre, verte, à souche tubéreuse.

Les feuilles radicales sont orbiculaires, peltées-ombiliquées, de 3-6 cm de diamètre, crénelées, longuement pétiolées, succulentes, cassantes.

Les feuilles caulinaires sont peu nombreuses, deviennent progressivement plus petites sur la tige en hauteur

Les fleurs (6-10 mm) sont blanc verdâtre ou jaune paille, en forme de cloche, pédicellées, pendantes, nombreuses, formant une longue grappe bractéolée occupant presque toute la tige. La corolle est tubuleuse, 4 fois plus longue que le calice.

La floraison peut débuter dès avril et se finir en août, mais la période de floraison va souvent de mai à juillet. Le petit fruit vert qui découle de la pollinisation mûrit pendant l’été. La fructification est étendue de juillet à septembre.

Le saviez-vous ?

Après un hiver contrasté (très doux puis très froid), avec un printemps particulièrement sec et ensoleillé, 

la plante devient intégralement rouge par la production d’anthocyanes!